« Une grosse claque »
Tony, quel bilan personnel tires-tu de ce premier tour de l’Euro ?
Je ne joue pas à mon niveau. Aussi bien physiquement que mentalement, je ne suis pas en forme. Ce n’est vraiment pas facile à vivre. Je me prends une grosse claque. Aujourd’hui, je me rends compte que je ne suis pas une machine. Tous les matchs accumulés depuis quatre ans en NBA m’ont rattrapé. Gregg Popovich et mes parents m’avaient pourtant prévenu cet été. Je n’ai voulu en faire qu’à ma tête, je suis tout de même venu et désormais, je n’ai plus qu’à assumer mes choix.
Tu as des regrets aujourd’hui ?
Absolument pas. Comme je viens de le dire, j’assume tout ce qui se passe. Je suis fier de jouer pour l’équipe de France, d’être avec mes amis. C’est pour ça que j’avais pris la décision de venir. Mais au fond de moi, je savais que ça allait être dur physiquement. Quand tu disputes un championnat d’Europe, si tu n’es pas bien physiquement, tu ne peux pas dominer. J’en fais l’amer expérience aujourd’hui. Je ne pensais vraiment pas que ça allait être à ce point. Après, ce ne sont pas trois matchs ratés qui vont effacer tout ce que j’ai fait depuis le début de ma carrière.
C’est cette fameuse énergie qui te manque ?
Mentalement, je suis rincé. Quand tu as l’habitude de dominer et de faire la différence, ça fait tout drôle quand tu n’y arrives pas. Après, j’ai l’impression que tout s’enchaîne et que tout va contre moi. L’énergie est la base de mon jeu. C’est là-dessus que je fais la différence. Alors comme elle n’est pas là…
Vis-à-vis du groupe, comment te sens-tu ?
J’ai discuté avec mes coéquipiers. Ils ont mal au cœur pour moi. Ils connaissent ma valeur, ils savent très bien que ce n’est pas mon vrai visage. Bien évidemment, je suis frustré pour eux et le coach. Quand tu sais ce que tu peux apporter et que tu ne peux pas le faire parce que le physique ne suit pas, c’est très frustrant. Malheureusement, je ne peux pas contrôler mon corps. Je n’étais pourtant pas trop mal à Limoges. J’avais aussi mal aux genoux mais ça passait. Mais là, c’est un championnat d’Europe que nous disputons, ce n’est pas un tournoi de préparation. Le niveau n’est pas le même.
Aujourd’hui, tu te remets en question ?
Peut-être que je fais trop de choses. Quand je dis ça, je parle de ma vie hors des parquets. Ce qui se passe en ce moment à Belgrade va me servir pour les années à venir. Il faut que je prenne le temps de réfléchir à tout cela. C’est évident, je dois m’organiser autrement l’été. Je veux tellement en faire qu’au bout d’un moment, j’explose physiquement. J’avais tenu jusque là mais aujourd’hui, mon corps me dit stop.
Mais ça pourrait avoir une incidence sur ta présence en équipe de France ?
Il faut que je réfléchisse. Si c’est pour venir en équipe de France alors que je ne suis pas bien physiquement, je ne vois pas l’intérêt de faire le déplacement. En jouant comme je le fais depuis le début de l’Euro, je sais très bien qu’on me critique et que je déçois beaucoup de monde. En venant ici, j’avais plus à perdre qu’à gagner. Je ne suis pas moi-même, c’est mon fantôme qu’on voit sur le parquet. Et ça, je ne veux plus que ça se reproduise. Je ne dis pas que c’est pas ma dernière compétition avec l’équipe de France. Simplement, je dois me poser tranquillement après l’Euro pour faire le point et tenter de trouver des solutions.
Tu gardes tout de même espoir pour le match de demain face à la Serbie ?
Si je n’y croyais pas, ça ne vaudrait même pas le coup de se rendre à Novi Sad. Je suis un compétiteur, j’espère donc qu’il y aura ce petit déclic qui peut faire la différence. Les Serbes vont jouer à domicile devant 8000 spectateurs. Ils n’imaginent pas une seconde quitter ce championnat d’Europe en 8e de finale. Alors à nous de créer la surprise en jouant le match parfait.
Avant cet Euro, tu espérais être un peu plus respecté des arbitres qu’il y a deux ans…
(il coupe) Je ne peux pas me permettre de parler des arbitres alors que je ne suis pas performant. Ca serait déplacé de ma part.